Contes du Burkina Faso

Aux éditions Lirabelle

Lors du premier festival Yeleen auquel j’ai participé en 1998, j’ai rencontré une tradition orale incroyablement vivante, et à la faveur d’un stage, François Moïse Bamba qui nous a fait partager un conte qu’il tenait de sa mère. Au fil des festivals suivants, j’ai pu approcher ce qui fait l’originalité de ce patrimoine qui, malgré la télévision et le déracinement obligé des villageois contraints de venir s’installer en ville pour des raisons économiques, maintient un fort lien social entre les gens et continue de participer activement à l’éducation de leurs enfants.
C’est en 2001 qu’un éditeur français, les éditions « Lirabelle », intéressé par tout ce que je lui disais de mes expériences Bobolaises, m’a proposé de donner un débouché à une collecte de contes en éditant des compact-disques bilingues, afin que le public européen puisse goûter à la fois ce répertoire original et non édulcoré par des soucis de convenances, mais aussi les conditions dans lesquelles il est encore aujourd’hui transmis, dans les cases, les ateliers ou sur les places de villages, avec les bruits de la vie autour.

Un deuxième objectif est de faire retour aux Burkinabés de leurs propres contes dans leur langue de communication, en l’occurrence le dioula qui est la langue véhiculaire permettant aux africains de l’Ouest de se comprendre, au delà de leurs langues d’origine. J’ai donc proposé à François Moïse Bamba, avec lequel au fil des ans s’est nouée une amitié doublée d’une profonde estime pour son travail de comédien et de conteur, d’être mon guide, mon interprète et mon traducteur dans cette démarche. En janvier 2002, nous avons ainsi sillonné son quartier natal de Bobo et recueilli de multiples contes auprès d’hommes et de femmes d’origine Sénoufo, Bobo, Nounouma et Tchéfo, et pratiquant des métiers aussi divers que tailleur d’habits, cordonnier, mangeur de feu, technicien agricole, ferrailleur, foot-balleur, mère de famille ou vendeuse de bananes... Une fois de retour en France, j’ai soumis cette collecte à l’éditeur qui en a sélectionné quatre pour débuter la collection. Durant l’été 2002, François Moïse Bamba est venu en France, et ensemble nous avons retravaillé les textes, puis ils ont été enregistrés par François en langue française dans le studio « Toutakim » du Pontet, près d’Avignon, et nous avons mêlé à la narration des musiques et des sons que j’avais enregistrés dans la cour de Djeliya à Bobo, en dehors des moments de spectacle. A ce jour sont sortis sept compact disques bilingues.

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Ces contes, forts et sans concessions comme est difficile la vie dans ces contrées sud-sahéliennes, sont en même temps toujours teintés d’humour, voire même de crudité, ponctués de chants, et ils véhiculent une grande vitalité et une profonde humanité. En tant qu’européen, on s’amusera à retrouver quelques thèmes proches de nos répertoires, mais traités de façon totalement originale : une Cendrillon africaine, un lièvre et une tortue qui changent des fables de La Fontaine, une amoureuse passionnée digne des tragédies grecques et un avare dont la punition aurait pu faire rêver Molière...

Un chant de la griote Fanta Kouyaté, ponctué par les coups de pilon des cuisinières, les rires des enfants et les conversations des adultes, ouvre et ferme chacun de ces contes. La musique qui accompagne chaque conte mêle le tama (tambour d’aisselle)de Baba Kouyaté, le synthétiseur de Salia Kouyaté et la guitare de son père, décédé depuis, et les flûtes de Bassirou Sanou.

Ce travail n’aurait pas pu se faire si Yeleen n’avait pas existé, et c’est grâce au centre Djeliya qu’il a pu se développer, et qu’il va continuer, car il est prévu de continuer cette collecte en mars 2003. Notre souhait est que ces ouvrages et ces enregistrements participent à l’échange entre nos cultures, et au développement des actions du centre Djeliya.

Une partie des droits est reversée pour le fonctionnement du centre Djeliya (voir le site : http://djeliya.free.fr/)